Ce jeudi 21 mars se tenait à
Guilherang-Granges une conférence du Général Pierre de Villiers. Une salle
comble avec de nombreuses personnes debout et pour cause, dans le contexte
actuel, enfin un discours plein de lucidité, de vérités et surtout sans
artifices.
Mais avant de résumer cette
conférence petit rappel sur la formation des officiers de nos armées dont
certains deviendront comme le Général Pierre de Villiers, des figures
emblématiques et les élites de notre défense nationale :
3 grandes écoles pour former les
officiers (qui intègrent sur concours après avoir fait les classes prépas) :
L’Ecole St-Cyr à Coëtquidan en Bretagne qui forme les officiers de
l’armée de terre
L’Ecole de l’Air à Salon de Provence qui forme les officiers de
l’armée de l’air
L’Ecole Navale à Lanvéoc Bretagne qui forme les officiers de la marine
La voie royale pour intégrer ses grandes écoles étant de passer par
les lycées militaires pour faire les classes prépas plutôt que dans des lycées
classiques, les élèves étant ainsi déjà immergés dans le milieu militaire ;
En France, nous avons 6 lycées militaires :
Lycée militaire Le Prytanée à la Flèche (Sarthe)
Lycée militaire de St-Cyr à St-Cyr L’école (Yvelines)
Lycée naval de Brest
Les Pupilles de L’air à Montbonnot (Isère)
Le lycée militaire d’Aix en Provence
Le lycée militaire d’Autun (Saône et Loire)
Pour les militaires du rang, d’autres voies pour devenir Officier,
concours interne ou par l’escalier social de l’armée qui a toute son importance
et dont nous parlera le Général.
Notre ancien CEMA, le Général
Pierre de Villiers a été formé au lycée militaire Le Prytanée avant d’intégrer
sur concours l’Ecole d’officier de St-Cyr Coëtquidan qui marquera le début de
sa carrière d’officier militaire au parcours et à l’expérience incontestés et
incontestables. C’est sans langue de bois qu’il a livré un constat du mal être
de notre société qui n’est pas un cas isolé dans les démocraties européennes.
Il rappelle le contexte géo-politique
extérieur compliqué avec le retour des Etats puissance et les conflits
militaires toujours en cours sans parler de la crise des migrants, les
nouvelles technologies, le manque de communication, l’individualisme…
Un discours extrêmement parlant, en tout cas pour moi : Il
nous informe que chaque jour que ce
sont plusieurs dizaines de personnes qui sont tuées quelque part dans le monde
au nom d’une idéologie barbare (Daesch, Al-Qaïda, état islamique) désolée mais
je ne peux pas mettre un « E » majuscule au mot « Etat »
car pour moi ils n’ont rien d’un Etat et ne sont qu’état auto proclamé sans aucune
reconnaissance.
Il rappelle aussi que nous sommes en guerre même si la très
grande majorité des personnes n’en a pas conscience, être en guerre ce n’est
pas seulement être attaqués par une autre armée ou être envahis mais c’est
aussi subir une idéologie de remplacement.
Dans son dernier livre
« être chef » qui rencontre un très vif succès il dresse une analyse
du rôle de chef au travers de ses expériences. Aujourd’hui, il y a un énorme fossé entre la base et le
sommet qu’il faut impérativement corriger. Certaines élites politiques sont devenues
sourdes, inaccessibles sans parler de toutes celles qui donnent des conseils
sans aucune expérience ou expertise. Des politiques qui pour certains ont fini
par oublier l’humilité et l’exemplarité.
Quand on est chef que ce soit au niveau politique, dans une entreprise,
une association… il faut considérer que c’est d’abord un honneur et que ce ne
sont pas des honneurs qu’il faut attendre.
Quand on est investi d’une fonction, il faut agir pour le bien commun,
penser d’abord à l’humain, déléguer, faire confiance, penser aux conséquences
sur les personnes.
Se dire qu’on n’est pas là pour se servir MAIS pour servir.
Il y a une véritable crise d’autorité dans notre pays : « autorité » qui vient du mot latin
« auctoritas » qui veut dire capacité de faire grandir, élever vers, à ne pas confondre avec le mot autoritarisme comme le font
beaucoup. Aujourd’hui il n’y a plus de tissu de confiance entre la tête et la
base de notre société d’où la coupure. Il y a trop de flagornerie, de
courtisans à tous les niveaux (entreprise, politique, associatif…) sans oublier
ceux qui changent d’avis en fonction de leurs ambitions, intérêts personnels ou
par opportunisme. Il faut parler vrai,
ne pas être dans une comédie humaine.
Malgré tout le Général se veut optimiste,
il y a une jeunesse demandeuse de valeurs et qui a été choquée par les nombreux
attentats, c’est pour cette jeunesse qu’il faut changer notre modèle sociétal.
Un livre référence du Général De
Villiers qu’il feuillette souvent et dont il s’inspire : « Le rôle
social de l’officier » écrit par le Maréchal Lyautey qui a aussi donné son nom à une corniche militaire (notamment
au LMA, lycée militaire d’Aix)
Pour rappel et ne pas oublier :
Que Le Général Pierre De Villiers
a été notre CEMA jusqu’au 17 juillet 2017. Il démissionnera après le défilé
militaire du 14 juillet. Ses critiques et remarques sur les coupes budgétaires
de la défense n’avaient pas été appréciées. C’est hélas devenu une mauvaise
habitude que de limoger ou mettre « au placard » des personnes
pourtant pleines d’expériences et avec une expertise reconnue. Une pratique que l'on retrouve aussi dans le monde de l'entreprise, associations, dans les mairies, communauté de communes... Un autre
Général, le Général Soubelet a lui aussi été limogé et mis au placard après les propos qu’il avait tenus lors d’une audition parlementaire en 2013 suite aux
attentats. Il y a une véritable volonté de museler les discours pleins de bons
sens et qui dérangent….une façon sans doute de masquer une certaine forme d'incompétence et d'inexpérience plutôt que de reconnaître ses erreurs.
Ne pas oublier non plus qu’avec son
humilité et son exemplarité habituelles, Mr Juppé alors candidat à la primaire
de la droite et du centre pour la présidentielle, avait publiquement dit en
avril 2017 en réponse aux critiques du Général Soubelet : « un
militaire, ça ferme sa gueule ou ça s’en va ». Qui sait, des mots qui avaient peut-être résonner dans la tête du général Pierre de Villiers avant de donner sa démission...
Mr Juppé, le parfait exemple de
l’opportunisme qui par un tour de passe-passe se retrouve nommé au Conseil
Constitutionnel non sans avoir oublier de verser sa petite larme en quittant
ses fonctions à la mairie de bordeaux, comme si on l’avait obligé : le summum de l’indécence en pleine crise des
gilets jaunes, lui qui va percevoir pour cette seule fonction le SMIC net x 11 par
mois sans parler des nombreux avantages...
Rédigé par Isabelle
